Classement des vins français : les vins de Saint-Emilion

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September 11, 2022 22:32

Le Classement des Grands Crus de Saint-Emilion est un classement propre à l’appellation Saint-Emilion-Grand-Cru. Il ne doit pas être confondu avec le classement des Grands Crus 1855. Dans la cour d’Honneur du Château de Versailles, trône la statue équestre de Louis XIV dont on se souvient les propos élogieux : « Saint-Émilion, nectar des Dieux ». Si les vins de Saint-Émilion sont si populaires, c’est qu’ils bénéficient de terroirs remarquables et répondent à des exigences très précises leur permettant d’atteindre un niveau de qualité exceptionnel.

Le dynamisme et l’innovation sont d’ailleurs intimement liés à la vie et à l’histoire de ce vignoble ancestral puisqu’en 1884 se créait le premier syndicat viticole de France. En 1936, le législateur reconnaissait l’Appellation d’Origine Contrôlée « Saint-Emilion ». La notion de classement des Crus de Saint-Émilion apparait au tournant des années 1950, dans la foulée de la mise en place par l’appellation, en 1948, du premier contrôle de la qualité des vins par la dégustation.
En 1952, un projet de règlement du classement est élaboré sous l’égide de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO) et du Ministère de l’Agriculture. En 1954, en complément de l’AOC Saint-Émilion instaurée en 1936, naissent trois nouvelles appellations : Saint-Émilion Grand Cru, Saint-Émilion Grand Cru Classé et Saint-Émilion Premier Grand Cru Classé. Le Classement des Grands Crus de Saint-Emilion date de 1955 avec la particularité d’être normalement révisable et révisé tous les 10 ans. Ce classement revêt un enjeu majeur pour les châteaux participants, au niveau commercial, identitaire, reconnaissance.... Aussi chaque révision est délicate, très complexe, et peut engendrer certains contretemps (avec suspension, jugement, déclassement). Le fait d’être révisable périodiquement permet en revanche de rester actuel, et de maintenir une certaine compétition entre les vignobles, au service de la plus haute-qualité pour le consommateur. 

S’inscrivant dans la dynamique qui est celle du vignoble de Saint-Émilion en ce milieu de XXème siècle, le classement des Crus fait preuve, dès sa création, d’une grande modernité et d’un caractère extrêmement novateur, en prévoyant d’être révisable tous les dix ans. Il induit ainsi, au sein de l’appellation, une émulation collective, une saine concurrence et une culture du dépassement, une envie de toujours progresser et de se remettre constamment en question. La connaissance des terroirs, la régularité des vins, l’expression identitaire des lieux et des parcelles, la communication et maintenant l'influence et les réseaux sociaux, les investissements techniques, viticoles et œnotouristiques… sont autant d’éléments que les vignerons doivent travailler pour rejoindre l’élite des crus de Saint-Émilion. Un dossier très complet mais aussi coûteux est engagé par chaque châteaux. Ainsi, certains ne peuvent pas y participer du fait de la complexité qui est demandé, de nombreux mois sont nécessaires, des passages devant jury, des dégustations, des visites en continu pendant l'année qui précède.

Le classement des Crus de Saint-Émilion est, comme son nom l’indique, un classement de crus et pas seulement un classement de vins. Il reconnaît et salue le travail d’excellence accompli par les propriétés sur le long terme : ce travail se constitue d’une somme de détails, pour certains infimes, mais qui tous combinés, place ces propriétés parmi l’élite de l’appellation. Pour accéder à un tel niveau, rien ne doit être négligé ni laissé au hasard, à commencer par le degré de perfectionnisme qui prévaut à la conduite des exploitations et à l’approche qualitative des vins. Ce perfectionnisme se retrouve dans chacun des crus qui ont été retenus au sein du classement, mariant un savoir-faire séculaire avec un goût de l’innovation, une approche scientifique et rigoureuse des pratiques viticoles et vinicoles, en accord avec les défis liés au développement durable.

Tous les points examinés par Bureau Veritas et soumis à la Commission de Classement ont permis d’établir des notes prises en compte dans la composition de la note finale ainsi définie :

Pour les « Grands Crus Classés » :

  • Dégustation : 50% de la note finale
  • Notoriété (promotion, distribution, valorisation) : 20% de la note finale
  • Exploitation et terroirs (assiette foncière, homogénéité, terroirs) : 20% de la note finale
  • Conduite de l’exploitation (viticole et œnologie) : 10% de la note finale

Pour les « Premiers Grands Crus Classés » :

  • Dégustation : 50% de la note finale
  • 
Notoriété (promotion, distribution, valorisation) : 35% de la note finale
  • Exploitation et terroirs (assiette foncière, homogénéité, terroirs) : 10% de la note finale
  • Conduite de l’exploitation (viticole et œnologie) : 5% de la note finale

Une note minimale de 14 sur 20 était nécessaire pour accéder au rang de « Grand Cru Classé » quand une note globale de 16 sur 20 était nécessaire pour le titre de « Premier Grand Cru Classé ». Précision importante, ne pouvaient être examinées en Premier Grand Cru Classé que les candidatures des exploitations déjà admises en Grand Cru Classé. Pour obtenir la mention de « Cru Classé » le Château doit donc répondre au cahier des charges de l’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) Saint-Emilion Grand-Cru. Ce cahier des charges est différent de celui de l’AOC Saint-Emilion.

La renommée de Saint-Emilion élève et oblige les vignerons qui veulent faire partie du classement. C’est pourquoi l’expression des terroirs et la dégustation des vins sont le premier critère d’évaluation de ce classement : le niveau de qualité et la constance des vins constituent le socle de la notation ; mais celui-ci ne peut être décorrélé d’un autre critère majeur qui est la caractérisation de l’exploitation : assiette foncière, homogénéité des entités culturales, analyse topographique et géo-pédologique. C’est donc l’ensemble de l’approche viticole et vinicole, la sublimation des terroirs et la façon dont ils reflètent, dans le cadre de la dégustation, une qualité régulière et une aptitude au vieillissement, qui forme l’essence même de la reconnaissance en Grand Cru Classé ou Premier Grand Cru Classé. La partie consacrée à la dégustation dans le processus de classement a occupé une place centrale : elle a mobilisé, sous la supervision de Gilles de Revel, Professeur à l’ISVV (Institut des Sciences de la Vigne et du Vin) et doyen honoraire de la faculté d’oenologie, une quarantaine de dégustateurs-experts. Ainsi, de décembre 2021 à avril 2022, 1343 échantillons ont été dégustés.

Pour être dégustateur-expert, il fallait justifier d’au moins 10 ans d’expérience reconnue dans l’exercice de la dégustation : sommelier, œnologue, formateur en dégustation, responsable de laboratoire, professionnel du vin… Avant d’entamer ce long travail d’évaluation, chacun a fait l’objet d’un encadrement spécifique à l’approche des vins de Saint-Émilion, qui s’est déroulé en deux temps – à l’automne 2021 et au premier trimestre 2022, particulièrement dédié aux millésimes anciens. Le panel sélectionné a suivi une formation en plusieurs séances, aussi bien sur les conditions très strictes des dégustations pour le classement que sur la technique employée pour cet examen organoleptique, sur l’attendu et les critères d’appréciation, sur la méthodologie employée et le système de notation. La formation s’est particulièrement concentrée sur les critères de sélection choisis pour ces dégustations du classement : qualité, constance des vins, et l’aptitude au vieillissement des vins pour les 1er Grand Crus Classés. Au côté de la dégustation, fruit de l’expression des terroirs, d’autres critères occupent une place importante dans la note finale. Ils illustrent, eux aussi, la modernité du classement et sa dimension transversale, puisque celui-ci prend en compte une multitude d’éléments qui participent au rayonnement d’une propriété : la conduite de l’exploitation (pratiques culturales, choix de vinification), la notoriété (qui précède le classement et reconnaît ainsi tous les efforts faits en amont par la propriété pour faire connaître ses vins auprès des amateurs du monde entier)., les terroirs, l’oenotourisme…

En 1955, un total de 75 châteaux ont été classés, dont onze en premiers grands crus et 64 en grands crus, en 1969, un total de 84 châteaux ont été classés, dont douze premiers grands crus et 72 grands crus, en 1986, un total de 74 châteaux ont été classés, dont onze premiers grands crus et 63 grands crus, en 1996, un total de 68 châteaux ont été classés, dont treize premiers grands crus classés et 55 grands crus classés, En 2006, un total de 61 châteaux ont été classés, dont quinze premiers grands crus et 46 grands crus, deux montées en premier grand cru classé B, six entrées en grand cru classé; En 2012, 82 châteaux ont été classés, dont 18 premiers grands crus classés et 64 grands crus classés, avec deux montées en premier grand cru classé A, quatre entrées en premier grand cru classé B et neuf entrées en grand cru classé. Ce dernier classement a été proposé provisoirement par l'INAO en date du 6 septembre 2012 et a fait l'objet d'une validation définitive, rentré en vigueur au moment de sa publication au journal officiel. Ce 8 septembre 2022 avait lieu le dernier classement : 

Le classement de 2022 consacre 85 propriétés :

  • 2 Premiers Grands Crus Classés A : Château Figeac (nouvel entrant) et Château Pavie
  • 12 Premiers Grands Crus Classés : Château BEAU-SEJOUR BECOT, Château BEAUSEJOUR HERITIERS DUFFAU LAGARROSSE, Château BELAIR MONANGE, Château CANON, Château CANON LA GAFFELIERE, Château LARCIS DUCASSE, Château PAVIE MACQUIN, Château TROPLONG MONDOT, Château TROTTEVIEILLE, Château VALANDRAUD, CLOS FOURTET
  • 71 Grands Crus Classés : Château BADETTE, Château FRANC MAYNE, Château MONTLABERT, Château BALESTARD LA TONNELLE, Château GRAND CORBIN, Château MONTLISSE, Château BARDE-HAUT, Château GRAND CORBIN-DESPAGNE, Château MOULIN DU CADET, Château BELLEFONT-BELCIER, Château GRAND MAYNE, Château PEBY FAUGERES, Château BELLEVUE, Château GUADET, Château PETIT FAURIE DE SOUTARD, Château BERLIQUET, Château HAUT-SARPE, Château RIPEAU, Château BOUTISSE, Château JEAN FAURE, Château ROCHEBELLE, Château CADET-BON, Château LA COMMANDERIE, Château ROL VALENTIN, Château CAP DE MOURLIN, Château LA CONFESSION, Château SAINT-GEORGES (COTE PAVIE), Château CHAUVIN, Château LA COUSPAUDE, Château SANSONNET, Château CLOS DE SARPE, Château LA CROIZILLE, Château SOUTARD, Château CORBIN, Château LA DOMINIQUE, Château TOUR BALADOZ, Château CORBIN MICHOTTE, Château LA FLEUR MORANGE, Château TOUR SAINT CHRISTOPHE, Château COTE DE BALEAU, Château LA MARZELLE, Château VILLEMAURINE, Château CROIX DE LABRIE, Château LA SERRE, Château YON-FIGEAC, Château DASSAULT, Château LA TOUR FIGEAC, CLOS BADON THUNEVIN, Château DE FERRAND, Château LANIOTE, CLOS DE L’ORATOIRE, Château DE PRESSAC, Château LARMANDE, CLOS DES JACOBINS, Château DESTIEUX, Château LAROQUE, CLOS DUBREUIL, Château FAUGERES, Château LAROZE, CLOS SAINT-JULIEN, Château FLEUR CARDINALE, Château LE CHATELET, CLOS SAINT-MARTIN, Château FOMBRAUGE, Château LE PRIEURE, COUVENT DES JACOBINS, Château FONPLEGADE, Château MANGOT, Château LASSEGUE, Château FONROQUE, Château MONBOUSQUET

A noter que nous écrivons souvent  « Appellation Saint-Emilion-Grand-Cru-Classé » alors qu’en réalité il serait plus juste d’écrire : « Appellation Saint-Emilion-Grand-Cru, Grand-Cru-Classé ». Cette dernière écriture est celle que nous retrouvons dans les fiches techniques des appellations sur le site officiel de l’INAO. La raison semble logique, nous évitons la redondance de « Grand-Cru ». C’est ce qui peut tendre à confusion entre « Saint-Semilion-Grand-Cru » et « Saint-Emilion-Grand-Cru-Classé ». (source maison de Saint-Emilion)

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