Japon
Présentation
La culture de la vigne au Japon est ancienne mais n’avait pas vocation à faire du vin. Au VIIIe siècle, la vigne permettait simplement de produire des raisins de table. À la manière de l’Europe, ce sont justement les religieux qui se sont emparés de la diffusion de cette culture. C’est ainsi que les missionnaires bouddhistes, se déplaçant de région en région, créèrent les nouvelles plantations et s’installèrent. On leur doit notamment l'implantation de ceps à Yamanashi, au pied du Mont Fuji, un vignoble désormais incontournable. Mais le temps passe, et les viticulteurs de cette époque n’ont toujours pas cette vocation à produire du vin, n’en voyant pas l’utilité. Puis au XVIe siècle, “l’élite sociale” fait importer des vins européens et la demande augmente au fil du temps. Mais à partir du XVIIe siècle, cet élan s’interrompt en raison d’une nouvelle politique du pays : le “Sakoku” (politique isolationniste). Par ce biais, les japonais cherchent à protéger les ressources du pays ainsi qu’à contrôler le commerce avec les nations étrangères. Ces restrictions interdisent l’importation de vin et par conséquent, réduisent les possibilités du pays de s’établir sur ce marché, avec de nouveaux dégustateurs amateurs… En 1853, la politique prend fin et permet au Japon de s’ouvrir : le commerce devient international et les travailleurs au sein du pays aussi. Les japonais partent en quête de connaissances dans les pays étrangers et en reviennent avec une meilleure expérience. Quelques décennies plus tard, les premiers chais se mettent en place : le premier voit le jour à Katsunuma, à une centaine de kilomètres à l’ouest de Tokyo. Cette ville se situe dans la préfecture de Yamanashi, qui deviendra par la suite l’épicentre de la viticulture du pays. Après avoir étudié les techniques européennes, les japonais revenant sur leur terre natale, mettent alors à profit ce qu’ils ont appris. Dès la fin du XIXe siècle, une industrie du vin voit le jour et se met en place, permettant à des dégustateurs de découvrir de nouveaux terroirs… Des conditions difficiles… Extrême… Voilà comment on pourrait décrire la viticulture au Japon. Les hivers sont rigoureux, venant tout droit de Sibérie et les moussons de l’Océan Pacifique n’arrangent pas le travail des vignerons. Il ne faut pas oublier les typhons détruisant tout sur leur passage ainsi que les pluies, propices au développement de maladies. On note tout de même la clairvoyance des viticulteurs, ayant réalisé des études approfondies pour choisir les meilleurs sols, situés là où les conditions sont les plus clémentes. Qui dit vignoble atypique, dit aussi… cépage atypique ! Le Kôshû est un cépage blanc venant de Chine, mais qui s’épanouit dans cet archipel japonais. Il permet de produire des vins blancs très fruités, aux arômes d’agrumes, très subtiles en bouche. Même si ce cépage est connu depuis le VIIIe siècle, sa reconnaissance fut tardive : importé pour ses vertus médicinales des siècles auparavant, ce n’est qu’au XIXe siècle que les viticulteurs commencent à l’utiliser dans les vinifications. Il s’est, au cours de son histoire, habitué à ses sols montagneux près du Mont Fuji, dans lesquels il exprime tout son potentiel. Bien adapté au climat, sa peau est plus épaisse que certains autres cépages et résiste aux pluies abondantes, si spécifique au climat local. Mais il n’y a pas que le Kôshû dans ce vignoble, on y trouve aussi les cépages Delaware et Niagara, choisis pour leur robustesse et leur capacité à s'adapter aux conditions difficiles du climat japonais. Quelques cépages européens sont aussi présents, comme le Chardonnay et le Cabernet Sauvignon. Le saviez-vous ? Le pays compte aujourd'hui 230 propriétés viticoles, composées de centaines de vignerons japonais et étrangers. Encore très peu connu dans notre pays, le vignoble japonais semble réserver quelques surprises. Les conditions difficiles n’ont pas restreint l’envie des vignerons locaux de fonder un vignoble, et de prouver qu’ils sont aussi capables de faire du vin…