Liban
Présentation
Il y a près de 8000 ans, la vigne Vitis Vinifera était domestiquée dans le Caucase. C’est le début de l’histoire de la vigne et du vin. Quelques 3000 ans plus tard, elle gagne le pourtour méditerranéen par le croissant fertile. Cette région prospère, qui court du delta du Nil à l’Irak en passant par le Liban, a vu naître notre civilisation. L’histoire viticole libanaise commence 5000 ans avant Jésus-Christ. Les Cananéens, puis les Phéniciens, ancêtres marins des libanais, dominent alors le Moyen-Orient. Ils développent le commerce du vin à partir du port de Byblos, située au nord de Beyrouth. Ils l’exportent à destination de tout le pourtour méditerranéen. Plus tard durant l’Antiquité, la viticulture gagne en importance, et devient un enjeu régional stratégique et symbolique. En témoigne le temple de Bacchus, Dieu du vin pour les romains, qui trône au milieu de la vallée de Bekaa. Au VIIème siècle, la région passe sous contrôle des Maures. C’est le début d’une succession d’occupations qui amène la région à intégrer l’empire Ottoman à partir du XVIème siècle. Si la consommation d’alcool est interdite, les jésuites se virent octroyer le droit de cultiver la vigne à des fins cérémonielles. Ils créent un vignoble dans la vallée de Bekaa, à Ksara en 1857. Après près de 1000 ans sans vin, cette implantation marque le début de la viticulture moderne au Liban ! A partir de là, tout s’accélère ! A la fin du XIXème siècle, les missionnaires venus de l’Algérie française, amènent au Liban leur expertise et du matériel moderne. De l’époque du protectorat français au début du XXème siècle, le Liban a gardé un certain nombre de cépages. Et le terme de « château », utilisé pour nommer les exploitations viticoles.Malgré son intensité destructrice, la guerre civile de 1975 à 1990 n’a pas raison du vignoble. Entre les obus, les vignerons libanais continuent de produire du vin. A l’image de Serge Hochar, du château Musar, élu personnalité de l’année en 1984 par le magazine Decanter. Depuis les années 1990 et la paix retrouvée, la viticulture libanaise connaît un renouveau remarqué. Très influencé par la culture viticole française, le vignoble libanais est profondément ancré dans l’ancien monde.
L’encépagement libanais reflète l’histoire du pays.
- La mer forgeant l’identité du Liban, on y trouve de nombreux cépages méditerranéens et rhodaniens. Parmi eux, le cinsault, cépage le plus planté au pays du cèdre. Mais également le grenache, tempranillo, sangiovese, carignan, mourvèdre.
- Le passage des français a également laissé des traces (cabernet sauvignon, merlot, cabernet franc, syrah, chardonnay, sauvignon blanc, sémillon, viognier, muscat).
- Plus surprenant, on trouve au Liban des cépages de « vignobles froids » (riesling, gewürztraminer, pinot noir).
Mais ce qui fait l’originalité du vignoble libanais, et sûrement son avenir, c’est la présence de cépages autochtones qui ont survécu à ces différentes influences. Le merwah et l’obadieh font partie intégrante de l’identité de la viticulture libanaise. Ils sont également utilisés dans la production de l’arak, l’eau de vie aromatisée à l’anis, boisson nationale libanaise. Côté blanc, il faut reconnaître que les cépages chardonnay, le sauvignon blanc et même le viognier semblent peu adaptés au climat libanais. Les cépages locaux, le merwah et l’obadieh, par contraste, ressortent du lot. D’autant qu’ils apportent une touche d’originalité !