Pérou ou Péru
Présentation
DES VINS SUR LA TERRE DES INCAS : Lieu improbable pour la viticulture : le Pérou.
Coincé entre le pacifique et la Cordillère des Andes, c’est un pays où il ne pleut pas (0,2 mm par an). L’eau cependant est abondante car la neige de la Cordillère des Andes fond au printemps et alimente les nappes phréatiques. Le Pérou est un désert créé par la décomposition de la Cordillère des Andes avec une forte proportion de terroirs sablonneux pauvres donc très bien adaptés à la culture de la vigne. La viticulture fut, comme dans toute l’Amérique du Sud, introduite par les Conquistadors espagnols à partir du Mexique. La principale région est située dans la région d’Ica à 300km au sud de Lima par la route (que l’on peut qualifier de route la plus dangereuse au monde). Les débuts de la viticulture péruvienne remontent à l'arrivée des conquistadors espagnols. C'est en 1540, juste après la conquête du pays, qu'ils amènent les premières vignes à Ica. Une expérience réussie, qui connaitra son apogée au cours du 17ème siècle. Cependant, la production de vin s'effondre à la suite de la guerre de Sécession (1861-1865), un déclin qui profitera aux vins chiliens et argentins. Aujourd'hui, le Pérou a retrouvé ses lettres de noblesse et compte environ 15 000 hectares de vignes. La Vallée d'Ica, des terroirs exceptionnels Région de production privilégiée du Pérou, la Vallée d'Ica possède des terroirs dotés d'un fort potentiel qui rappellent un peu ceux de leur illustre voisin, le Chili. Pour comprendre la richesse de ces sols, il faut remonter à l'époque préhistorique, lors de la grande période de dégel. Ce bouleversement climatique provoque alors de gigantesques coulées de boues qui glissent en bas de la Cordillère des Andes jusqu'à l'Océan Pacifique. Elles sont responsables de la formation des vallées actuelles et de leurs sous-sols caillouteux et sablonneux. En résulte des sols d'alluviaux incroyables qui profitent à la culture de la vigne. Cette zone reste tout de même restreinte, le reste du pays étant soumis à un climat semi-tropical qui rend très difficile la production de vin. Le Pérou est une succession de 58 oasis dont certaines cultivent de la vigne. Le raisin était à l’origine destiné à la distillation pour en faire un alcool appelé Pisco. Le Pisco, contrairement à ce que pense beaucoup de gens, n’est pas chilien mais bien péruvien. La ville de Pisco est l’épicentre du vignoble péruvien et il suffit de goûter un Pisco péruvien et un Pisco chilien pour s’apercevoir de l’énorme différence qualitative entre les deux. Il existe peu de domaines authentiquement péruviens et certains importent des mouts du Chili et d’Argentine. Les cépages sont principalement Français. Le Tannat et le Malbec sont les deux cépages qui réussissent le mieux. On trouve le domaine de Tacama qui produit des vins de classe internationale, de même que Intipalka ou Tabernero. Des bodegas historiques Pour comprendre l'histoire viticole du Pérou, il faut se rendre à Tacama, le plus ancien domaine du pays qui a vu le jour au milieu du 16ème siècle dans la Vallée d'Ica. Depuis plus d'un siècle, il entretient une relation étroite avec la France, recrutant les professeurs et œnologues les plus réputés de l'hexagone. Ainsi, Emile Peynaud, Max Rives ou encore Alain Carbonneau y ont créé des cuvées magnifiques, avant de passer le flambeau à Frédéric Thibaut, actuellement en place. Une influence française très forte que l'on ressent dans le choix des cépages, la technologie et le savoir-faire. Plus qu'un simple domaine, Tacama a marqué de son empreinte la viticulture péruvienne. Il fut ainsi l'un des premiers à importer des cépages de France et d'Italie. Une habitude qui a perduré et que l'on constate désormais. Les variétés méditerranéennes, telles que le Mourvèdre et le Carignan offrent de belles expressions sur ces terroirs, et les classiques Malbec et Cabernet Sauvignon des tanins d'une grande puissance. En blanc, ce sont le Sauvignon, le Sémillon, le Chardonnay et le Chenin Blanc qui délivrent un fruité magnifique. Si l'on trouve majoritairement de vastes bodegas s'étendant sur des centaines d'hectares et implantées depuis plusieurs générations, cela est en train de changer. En effet, face à l'augmentation de la consommation nationale de vin, nombreux sont les viticulteurs qui ont envie de tenter l'expérience. Une ambition qui est également motivée par de grandes réussites comme le Borgoña du domaine Tarbenero, vin emblématique du pays qui représente 85% de la production péruvienne. Il est issu du cépage Isabelle, prohibé en France depuis 1935 pour sa trop grande résistance afin de répondre à une crise de surproduction de vin. Braver l'interdit, une raison de plus de tester les vins venus du Pérou…