Afrique du Sud
Présentation
Planté dès le XVIIème siècle, le vignoble sud-africain est un des plus vieux vignobles du Nouveau Monde. Il y a 350 ans, la compagnie Néerlandaise des Indes Orientales établissait un comptoir au Cap de Bonne espérance pour réapprovisionner les bateaux sur la route des épices. En 1655, le gouverneur Jan van Riebeeck planta les première vignes, importées de France, d’Espagne et d’Alle- magne dans les jardins de la compagnie. Le premier vin du Cap est produit en février 1659. S’ouvre ensuite la période des huguenots, qui fuient la France lors de la révocation de l’Edit de Nantes (1685). 200 familles vont ainsi rejoindre cette région et contribuer à l’essor de la culture viticole. Ils sont établis dans la région de Franschloek qui signifie « quartier des français ». Dans le milieu des années 1700 le vin de Constance était célèbre à travers toute l’Europe mais à la fin du XIXème siècle, la région viticole du Cap subit de plein fouet la crise du phylloxéra qui entraîne la disparition d’un nombre incalculable d’exploitations. Pendant toute la période de l’apartheid, la viticulture est marginalisée et ne connaîtra un véritable essor qu’à compter du début des années 1990. C’est l’ou- verture à l’export et l’amélioration technique de la production. Jusque dans les années 90, le vignoble était en effet essentiellement administré par des coopératives, dont la plus importante, KWV. Après la période tourmentée de l’apartheid et du boycott, la viticulture sud-africaine a amorcé un retour en grâce parfaitement réussi avec l’émergence de nouveaux producteurs. C'est le 9ème producteur mondial, 4,1 % de la production mondiale de vin, 4% des exports mondiaux, soit 8 milliards de Rand et emploie de 290 000 personnes.
Le vignoble est essentiellement situé sur un massif ancien érodé du Cambrien. Le vignoble est planté sur des zones de granite, de schiste et dans les plaines alluvionaires. Le substratum des districts de Stellenbosch et de Paarl est constitué des sédiments argileux de la fin du Protérozoïque avec des masses granitiques intrusives du début du Cambrien. Se trouvent aussi des lutites de l'Ordovicien et des sédiments sableux du début du Dévonien. Ce substrat est recouvert de graviers fluviatiles, sables éoliens, saprolites et kaolins. Les couches d'argiles, avec leur capacité à retenir l'eau, assurent durant la période estivale une humidité bénéfique aux vignobles.
Le vignoble sud-africain est l'un des plus septentrionaux de l'hémisphère sud. La viticulture a pu s'y implanter grâce au courant de Benguela provenant d'Antarctique, il permet le rafraichissement de la côte ouest d'Afrique du Sud. Le climat est de type méditerranéen. Les hivers (à savoir les étés de l'hémisphère nord) sont doux et humides, et les étés (en hiver dans l'hémisphère nord) sont chauds et secs. L'ensoleillement est important, les pluies courtes mais violentes. De nombreux micro-climats existent dus à la proximité des vignobles de chaînes montagneuses. Les vallées et coteaux qu’elles engendrent peuvent considérablement modifier le climat sur quelques centaines de mètres, en bloquant le vent ou les précipitations, ou en favorisant l’ensoleillement par exemple. En Afrique du Sud, l’irrigation (micro-irrigation, goutte-à-goutte, inondation …), est un mal nécessaire qui force les rendements et donne une part encore belle à des vins industriels (Easy drinking wines) ; des vins blancs pour la plupart (chenin, sauvignon, colombard…), issus de grands domaines des régions de Klein Karoo, d’Olifants river ou Worcester. Mais aujourd’hui se cherchent les lieux les plus frais, les plus hauts sur les flancs des montagnes comme à Stellenbosch, Paarl ou Franschhoek ou plus au sud, sur la côte pour profiter d’un climat adouci par les brises marines.
Face à l’extraordinaire potentiel du pays, l’évolution des mentalités et des techniques autorisent des rendements mieux maîtrisés, une viticulture intégrée et éthique et la vague montante des vins bio dont l’Afrique du Sud s’est fait une spécialité.
On distingue quatre types d'appellations (de la plus étendue à la plus petite) :
- les "Regions" (Coastal Region, Boberg region, Breed River Region, Orange River Region)
- les "Districts" (Stellenbosch, Paarl, Constantia, Durbanville, Worcester)
- les "Wards" (Franschhoek, Helderberg).
- Les "Estates" : comme en France, les propriétés sont au sommet des appellations sud-africaines
La production Sud-Africaine se concentre dans la région du Cap et est répartie en 10 régions viticoles divisées en districts. Les plus productifs et les plus réputés sont les districts de Stellenbosch, Cape Town, Paarl, Franschloek, Robertson, Hermanus et Worcester. Au total, on compte une surface de 93021 ha en Afrique du sud (VinPro,2018).
L’Afrique du Sud cultive une centaine de cépages (qu’on appelle cultivar), dominés par le chenin blanc (steen) avec 20 % des surfaces. Mais les blancs sont en perte de vitesse. Ils occupent encore la moitié du vignoble avec le colombard et surtout le sauvignon qui est devenu la pièce maitresse du vignoble sud africain et l’un des vins les plus présents à l’export. Il représente aujourd’hui près de 9400 ha soit près 10 % des surfaces. On le cultive dans la quasi-totalité des régions viticoles, sur les terroirs les plus frais dont Stellenbosch qui est sa véritable terre d’élection. Il est suivi par le très médiatique chardonnay, le sémillon, le viognier (un cépage tendance), et le riesling, (appelé Cape riesling ou South-African Riesling).
De petites structures ont émergé mettant en avant le terroir. Elles produisent des vins sains propres et qui respectent l’environnement. A la charnière du Nouveau et de l’Ancien monde, ce pays a pu en une vingtaine d’années, opérer sa révolution rouge haut de gamme sur le modèle français avec la montée en puissance du cabernet sauvignon (king cab), du merlot, du shiraz (syrah) et du pinotage.
Le pinotage, cépage propre à l’Afrique du Sud
Le pinotage, emblématique cépage sud africain, couvre encore 7 % du vignoble. Il est aussi productif que rustique. Il a été créé ici, en 1924 par le professeur Perold à l’Université de Stellenbosch. Il est issu du croisement pinot noir et cinsault (appelé hermitage). Il s’accommode de la sècheresse et les grosses chaleurs et s’utilise en mono-cépage ou en assemblage avec le cabernet sauvignon. Ce vin aromatique peut donner des vins virils, corpulents qui se révèlent d’excellents vins de garde : robe pourpre, notes de fumé avec des arômes intenses de fruits noirs, d’épices et de café.
L'oenotourisme se développe de plus en plus ...